La présence d’amiante sur une toiture peut se révéler très problématique pour un propriétaire, notamment en raison des risques pour la santé qu’elle représente mais aussi en cas de nécessité de procéder à des travaux de couverture. Pour répondre à cette problématique, plusieurs solutions peuvent être utilisées pour traiter ce matériau nocif. Dans cet article, nous allons détailler les 3 principales options disponibles à savoir recouvrir, enlever ou encapsuler un toit en amiante. Découvrez les avantages et inconvénients de chacune de ces solutions ainsi que les étapes de leur mise en œuvre pour protéger au mieux votre famille et préserver votre habitation.
Introduction
L’amiante, autrefois largement utilisée dans la construction en raison de ses propriétés isolantes et ignifuges, est maintenant connue pour ses effets nocifs sur la santé respiratoire. Inhalée sous forme de fibres, l’amiante peut causer diverses maladies plus ou moins graves pouvant aller dans certains cas jusqu’au cancer du poumon et de la plèvre. Interdite en France depuis 1997, sa présence reste néanmoins une préoccupation majeure dans de nombreux bâtiments construits avant cette date, tout particulièrement au niveau des toitures en fibrociment.
En vieillissant, ces matériaux peuvent en effet se dégrader et libérer des fibres d’amiante dans l’air, augmentant ainsi le risque de contamination pour les personnes vivant ou travaillant sous ces toits. La manipulation et le retrait de ces fibres d’amiante étant très délicats et potentiellement dangereux, des solutions alternatives ont dû être trouvées pour s’en débarrasser ou a minima les rendre inoffensives. Trois techniques principales sont aujourd’hui régulièrement mises en oeuvre à savoir :
- le recouvrement : il consiste à « piéger » les fibres d’amiante en recouvrant la toiture avec une autre couche de matériau ;
- l’enlèvement : le matériau contenant de l’amiante est retiré et remplacé par un autre matériau sans amiante ;
- l’encapsulation : cette technique consiste à appliquer une couche de produit spécial sur le matériau contenant de l’amiante pour le sceller et empêcher toute libération de fibres.
Le choix de la méthode la plus appropriée dépend de différents facteurs tels que l’état de la toiture, le budget disponible ou encore le niveau de risque pour la santé des occupants. Dans tous les cas, il est indispensable de faire appel à des professionnels qualifiés et expérimentés pour évaluer la présence d’amiante sur les toits et mettre en place des mesures de prévention appropriées.
Comprendre l’amiante dans les toitures
L’amiante était auparavant très répandue dans la construction, notamment pour la réalisation de toitures, avant d’être totalement interdite.
Historique de l’utilisation de l’amiante dans les matériaux de construction.
L’utilisation massive de l’amiante dans l’industrie de la construction remonte à plusieurs décennies, lorsqu’il était utilisé en tant que matériau de construction, principalement au niveau des toitures, mais aussi au niveau des revêtements muraux ou des conduits. Il a notamment connu son apogée au cours des années 1970 grâce à son faible coût d’extraction, sa résistance au feu ou encore sa faible conductivité thermique, avant que des doutes ne soient émis sur sa nocivité pour la santé humaine.
La prise de conscience croissante des risques associés à son exposition a conduit à son interdiction totale le 1er janvier 1997. Cette interdiction a nécessité le développement d’alternatives moins risquées mais aussi l’essor de différentes techniques pour se prémunir de ses effets indésirables dans les constructions existantes.
Les risques de l’amiante pour la santé.
L’amiante peut présenter de graves risques pour la santé, notamment en cas d’inhalation de fibres. Ces particules microscopiques peuvent en effet causer des maladies pulmonaires, parfois bénignes mais également dans certains cas plus graves telles que le cancer du poumon, le mésothéliome et l’asbestose. Même une exposition limitée à l’amiante peut entraîner des conséquences importantes sur la santé à long terme, d’où la nécessité de traiter les toitures contenant cette substance nocive.
Pourquoi il est crucial de traiter les toitures contenant de l’amiante ?
Au-delà de l’aspect sanitaire pour les occupants, l’amiante peut par ailleurs se détériorer avec le temps et libérer ces fibres dans l’environnement, mettant également en danger la santé des personnes vivant dans la zone géographique à proximité. La mauvaise manipulation d’éléments de toiture contenant de l’amiante peut libérer des particules nocives dans l’air et exposer toute personne intervenante si elle n’est pas bien protégée.
De plus, la présence d’amiante au niveau des toitures peut constituer un risque d’incendie important. En effet, l’amiante, même s’il n’est pas inflammable peut produire une fumée toxique en cas d’incendie. Les toitures contenant de l’amiante doivent donc être traitées pour éviter tout incident potentiel..
En plus des risques sanitaires, la présence d’amiante dans les toitures peut également avoir un impact sur la valeur immobilière d’un bien. En cas de vente ou de location d’un logement contenant de l’amiante, il est en effet désormais obligatoire de fournir un diagnostic amiante complet afin d’informer les futurs occupants des risques potentiels liés à ce matériau.
Enfin, traiter les toitures contenant de l’amiante contribue à limiter la propagation de cette substance nocive dans l’environnement. Cela permet également de préserver la qualité de l’eau et des sols qui pourraient être contaminés par les fibres d’amiante.
Méthodes de désamiantage
Pour traiter un toit contenant de l’amiante, trois méthodes principales de désamiantage peuvent être envisagées : le recouvrement, l’enlèvement et l’encapsulation.
Le recouvrement
Le recouvrement consiste à poser un nouveau revêtement sur la toiture existante, de manière à emprisonner les fibres d’amiante et ainsi éviter leur dispersion dans l’air. Cette technique est souvent privilégiée car elle permet d’éviter des travaux plus lourds et potentiellement coûteux. Elle est souvent moins coûteuse que le retrait complet de l’amiante. Il s’agit donc d’une solution rapide pour améliorer l’aspect extérieur de la maison ainsi que l’isolation tout en maintenant une certaine protection contre les fibres d’amiante.
Cependant, elle ne règle pas le problème de fond et peut demander un entretien régulier pour s’assurer que le matériau de recouvrement reste en bon état. Les risques potentiels restent donc présents sous la nouvelle couche, et une surveillance régulière sera nécessaire pour vérifier son efficacité à long terme dans la prévention de toute exposition nocive.
Cette technique est particulièrement adaptée pour les particuliers qui veulent modifier rapidement l’apparence de leur toiture sans pour autant entreprendre d’importants travaux coûteux.
L’enlèvement
Cette méthode implique de retirer complètement les matériaux contenant de l’amiante et de les remplacer par d’autres matériaux de toiture plus sûrs. L’enlèvement est généralement la méthode la plus coûteuse et la plus invasive. Elle permet l’éradication complète de la substance toxique, éliminant ainsi les risques pour la santé. Elle offre également une remise à neuf intégrale de la toiture garantissant une protection optimale contre toute forme d’exposition future à l’amiante
Ce processus d’enlèvement peut toutefois être très coûteux et nécessite une équipe de professionnels formés et équipés pour retirer correctement les matériaux sans libérer de fibres d’amiante dans l’air, le tout dans le respect des normes de sécurité strictes imposées par la réglementation en vigueur. Elle implique également que les occupants du bâtiment quittent les lieux pendant un certain temps pour éviter tout risque potentiel et qu’ils soient donc hébergés à l’extérieur de l’habitation.
Cette méthode est normalement utilisée en cas d’obligation réglementaire, lorsqu’il y a un risque immédiat pour la santé des occupants du bâtiment ou lorsque le matériau contenant de l’amiante est endommagé ou en mauvais état.
L’encapsulation
L’encapsulation consiste à recouvrir le matériau contenant de l’amiante pour éviter sa dispersion. Elle est réalisée à l’aide de matériaux spécifiques tels que des revêtements étanches ou des films plastiques. L’encapsulation permet de maintenir l’amiante en place et de prévenir ainsi tout risque d’inhalation de fibres d’amiante et de dispersion dans l’environnement. Elle est également moins coûteuse que le désamiantage complet, ce qui en fait une solution économique pour les bâtiments contenant une quantité importante de matériaux amiantés.
Même si l’encapsulation constitue une option plus simple et rapide, elle n’est cependant pas, là encore, une solution permanente et nécessite un entretien régulier pour garantir son efficacité dans la prévention des émissions de fibres d’amiante.
Cette technique est souvent utilisée lorsque le matériau contenant de l’amiante est en bon état et qu’il n’y a pas de risque immédiat pour la santé. L’objectif est alors d’empêcher les fibres d’amiante de se libérer dans l’air en créant une barrière physique. Ainsi, l’encapsulation permet de maintenir la structure du matériau tout en le rendant inoffensif.
Bon à savoirL’encapsulation peut également être mise en place dans l’attente d’une intervention plus complète comme le désamiantage.
Comment choisir la méthode appropriée ?
En présence d’une toiture en amiante, il peut être délicat de choisir la méthode de désamiantage la plus appropriée. Pour cela, il est en premier lieu recommandé de réaliser une évaluation approfondie de l’état du matériau amianté et des risques qui s’y rapportent. En fonction des résultats obtenus, vous pourrez opter pour le recouvrement, l’enlèvement ou l’encapsulation, la santé des occupants devant être la priorité absolue lors de votre évaluation.
Le choix de la méthode doit notamment prendre en compte :
- en premier lieu l’état de la toiture (et donc de l’urgence des travaux) ;
- les réglementations en vigueur dans votre région pouvant vous contraindre à une solution plutôt qu’une autre ;
- le budget pouvant y être alloué ;
- les délais de réalisation des travaux et donc l’implication logistique ;
- les objectifs à moyen et long terme, et notamment si vous envisagez de rester dans le bien ou de le revendre à terme (désir de réfection totale ou simple volonté de « camouflage »).
Bon à savoirIl est dans tous les cas de figure fortement recommandé de faire appel à des professionnels du désamiantage avant toute intervention. Ceux-ci pourront en effet vous conseiller sur la méthode la plus appropriée et réaliser les travaux en respectant toutes les normes de sécurité.
Le processus de désamiantage
Le processus de désamiantage passe par plusieurs étapes indispensables.
Les étapes typiques du désamiantage, quelle que soit la méthode choisie.
Le processus de désamiantage des toits en amiante comprend plusieurs étapes essentielles, et ce quelle que la méthode choisie ;
- une évaluation approfondie est nécessaire pour déterminer l’étendue de la présence d’amiante et planifier les actions à entreprendre selon la configuration ;
- la préparation du toit qui consiste à retirer tout objet ou matériau encombrant, tels que les antennes, le revêtement ou les tuiles, pour faciliter l’accès à la zone à traiter ;
- la préparation de l’intervention doit ensuite être effectuée une fois l’étude réalisée. Elle implique notamment la mise en place des mesures de sécurité nécessaires pour protéger les travailleurs et les occupants des lieux ;
- pour un retrait complet du toit, tous les éléments en amiante doivent être retirés avec précaution par des travailleurs expérimentés et munis d’équipements appropriés. Une fois retiré, le toit est soigneusement emballé dans des conteneurs spéciaux pour être transporté et éliminé conformément aux réglementations en vigueur pour les déchets amiantés ;
- dans le cas du confinement, une barrière hermétique est installée autour de la zone contaminée pour empêcher toute dispersion de fibres d’amiante. Le toit est alors traité avec un produit spécial qui lie les fibres d’amiante entre elles, les empêchant de se détacher et de se propager. Cette méthode est généralement utilisée lorsque le retrait complet du toit n’est pas possible ou économiquement viable ;
- après la phase d’enlèvement ou de confinement, une étape de nettoyage approfondi est effectuée pour éliminer toute trace de poussière et de débris amiantés ;
- enfin, un contrôle final est réalisé pour s’assurer que la zone est totalement exempte d’amiante avant de lever les mesures de sécurité et permettre à nouveau l’accès aux occupants des lieux.
Les mesures de sécurité à respecter.
Des mesures strictes de sécurité doivent être respectées lors du désamiantage d’un toit.
Les professionnels sollicités doivent tout d’abord porter un équipement de protection individuelle approprié comprenant une combinaison jetable, des gants en nitrile, un masque respiratoire filtrant et des lunettes de protection.
La zone de travail doit également être hermétiquement scellée pour éviter la dispersion des fibres d’amiante dans l’environnement.
L’élimination des matériaux et débris contenant de l’amiante doit en outre être effectuée avec précaution conformément aux dispositions réglementaires en vigueur avec des précautions de transport et de traçabilité.
Il convient enfin de nettoyer soigneusement la zone d’intervention après le désamiantage et d’éliminer correctement les déchets amianté selon la règlementation qui s’y rapporte c’est-à-dire dans des installations prévues à cet effet (ISDI et ISDND).
Le rôle des professionnels certifiés dans le processus.
Compte tenu des enjeux et de la complexité de cette procédure, il est indispensable de faire appel à des professionnels certifiés pour le désamiantage d’une toiture en amiante. Leur expertise garantit en effet une manipulation sûre et conforme aux normes réglementaires en vigueur ainsi qu’un résultat optimal. Ces experts sont spécifiquement formés à ce type d’intervention et sont particulièrement équipés pour manipuler de façon sécurisée les matériaux contenant de l’amiante. Privilégiez les entreprises disposant de certifications en la matière, telles que notamment OPQIBI, AFNOR ou encore Qualibat.
Financement et aides disponibles
Quelque soit la solution envisagée, le désamiantage d’un toit est relativement onéreux (entre 50 et 100 € le m²). Il est toutefois possible de réduire son coût par divers mécanismes de financement et différentes subventions :
- une subvention de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) pour la réalisation d’un diagnostic ainsi que pour l’élimination et l’isolation des matériaux amiantés à condition d’entreprendre des travaux de rénovation énergétique permettant un gain énergétique d’au-moins 35 %. Son montant dépend alors des ressources du propriétaire (35 % ou 50 % du montant des travaux pour les foyers éligibles) ;
- la déduction fiscale des travaux de désamiantage pour les propriétaires bailleurs ;
- la TVA à taux réduit à 10 % pour un local d’habitation ;
- une aide au désamiantage pour les propriétaires souhaitant procéder à une installation photovoltaïque. Elle est de 25 % par m² de toiture désamiantée dans la limite de 80 000 € ;
- un désamiantage totalement gratuit pour les toitures fibrociment d’au-moins 1 000 m² remplacées par une installation photovoltaïque lorsque celle-ci est à l’initiative d’un investisseur exploitant par la suite la toiture pour produire de l’électricité verte.
Questions fréquemment posées sur les techniques de désamiantage (FAQ)
L’enlèvement de l’amiante est-il coûteux ?
L’enlèvement de l’amiante peut être onéreux du fait de la complexité des opérations et de l’ampleur des mesures de sécurité à prendre. Les coûts varient en fonction de la taille du toit, du type d’amiante présent et des compétences nécessaires pour effectuer le désamiantage. Ils sont toutefois généralement compris entre 50 et 100 € du m². N’hésitez pas à solliciter plusieurs devis détaillés pour obtenir une idée de budget précis.
L’encapsulation de l’amiante est-elle une solution permanente ?
L’encapsulation de l’amiante est une méthode qui consiste à emprisonner les fibres d’amiante dans un revêtement protecteur pour prévenir leur dispersion. Cette approche stabilise l’amiante mais n’est pas considérée comme une solution permanente car le matériau encapsulé peut potentiellement se dégrader avec le temps et exposer à nouveau les fibres dangereuses. Elle nécessite donc de surveiller régulièrement l’état de l’encapsulation pour s’assurer de son efficacité continue.
Dois-je quitter ma maison pendant le désamiantage ?
Il est fortement recommandé de quitter votre maison pendant les travaux de désamiantage pour éviter tout risque d’exposition à l’amiante. Même si des mesures de protection peuvent être mises en place, il est préférable d’éviter toute présence dans un environnement potentiellement contaminé. La sécurité et la santé des occupants doivent être prioritaires pendant le processus. C’est tout particulièrement le cas pour la technique de l’enlèvement.
Comment puis-je me protéger et protéger ma famille pendant le désamiantage ?
Voici quelques conseils pratiques pour minimiser les risques pendant le processus de désamiantage :
- optez pour des entreprises spécialisées dans le désamiantage et bénéficiant si possible de certifications en la matière ;
- dans l’idéal, quittez temporairement le domicile pendant les travaux ;
- veillez à ce que toutes les zones de travail soient correctement scellées pour éviter la dispersion des fibres d’amiante ;
- portez un équipement de protection individuelle (EPI) adapté, tel qu’un masque respiratoire et une combinaison jetable.
N’hésitez pas à consulter des professionnels qualifiés pour obtenir davantage d’informations et assurer un processus sans danger et efficace.